94% des organisations françaises ayant déployé un projet cloud n’ont pas réalisé les résultats escomptés sur une réduction des coûts, l’amélioration de la profitabilité ou encore la génération de nouveaux revenus. En cause: une mauvaise compréhension des enjeux en amont.
C'est ce qui ressort de la dernière étude PwC qui a mené une enquête auprès de plus de 200 dirigeants d'entreprises en France réalisant plus de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires afin de dresser un état des lieux de l’adoption du cloud dans les entreprises hexagonales.
L'étude révèle ainsi que seules les "Entreprises Puissance Cloud" réussissent à dégager de la valeur dans leurs projets cloud, sans préciser pour autant comment est définie cette typologie d'entreprise (CA, investissement, secteur d'activité...).
Le marché a tendance à confondre avantages du cloud et véritable création de valeur.
Le cloud promet toute une série d'avantages en termes d'agilité, de normalisation, la possibilité de transférer les ressources informatiques vers des activités à plus forte valeur ajoutée, l'amélioration de la satisfaction des employés...
Certains de ces avantages (intangibles) sont tout à fait subjectifs et, par conséquent, difficiles à inclure dans des calculs financiers.
Si le Cloud ne tient aujourd'hui pas toutes ses promesses de création de valeur, en termes de génération de nouveaux revenus, ou d'augmentation de la profitabilité, c'est parce qu'il est encore trop perçu comme un sujet IT et non comme un sujet stratégique, de gouvernance.
Avant de parvenir à dégager une quelconque valeur du cloud, il convient en amont de bien déterminer les bénéfices tangibles (et donc quantifiables), et les bénéfices intangibles (non quantifiables)
Bénéfices tangibles | Bénéfices intangibles |
Réduction des coûts (développements, maintenances, licences, supports, mises à jour, hébergements...) | Transfert des ressources vers des activités à valeur ajoutée |
Génération de nouvelles sources de revenus (récurrents SaaS, PaaS et IaaS, revenus du hosting,de co location d'espaces) | Satisfaction des employés. Amélioration de la collaboration et des échanges d'information |
Augmentation de la profitabilité. L'indice de profitabilité permettra ainsi de déterminer, pour chaque euro dépensé en investissement, la valeur crée. (bénéfices/sommes des investissements) | Partage des risques sécuritaires (accès aux données, gestion des brèches et vulnérabilités, haute disponibilité, PRA...) |
Se poser les bonnes questions en amont.
Mon objectif est il par exemple d'améliorer l'expérience utilisateur, la productivité, l'agilité de mes métiers, d'optimiser la résilience de mon infrastructure ou de dégager de nouvelles sources de revenus et d'augmenter mon indice de profitabilité?
Si par exemple, votre objectif premier est purement d'ordre sécuritaire (i.e. optimiser la résilience de votre infrastructure), il sera alors difficile d'estimer la valeur crée en terme de profitabilité: Pour chaque euro dépensés en services, ou Infrastructure sécuritaire, qu'il s'agissent d'investissements initiaux, récurrents, de résiliation, quelle est ou sera la part de bénéfices réalisés?
Il faudra notamment porter attention aux coûts cachés (ces coûts qui ne sont pas dévoilés dans la grille tarifaire du fournisseur et qui peuvent alourdir les factures et tromper les estimations, et notamment les coûts de migration de systèmes, les coûts de rapatriement de données, ou de portage vers un autre fournisseur)
Si votre objectif est de dégager de nouvelles sources de revenus et donc d'améliorer votre rentabilité (à ne pas confondre avec la profitabilité), il faudra travailler sur des données et métriques tangibles.
Même si les revenus liés au cloud sont récurrents, toute la difficulté sera de proposer des services à marges fortement bénéficiaires. Pour augmenter la marge bénéficiaire, on pourra jouer sur plusieurs leviers.
Augmenter le prix des abonnement ou services
Augmenter le volume des ventes
Réduire les coûts et charges
Pour augmenter les prix des services, il faudra justifier d'une proposition de valeur en lien avec ce que le marché offre, pour un même prix.
Le Yield management (adaptation du prix en fonction de la demande) reste très difficile à appliquer au modèle XaaS. Faire fluctuer le prix d'un abonnement en fonction uniquement de la demande, reviendrait à remettre en cause, la valeur même de l'offre.
C'est le type même d'erreur commise par le fournisseur de conteneur Docker, avec l'annonce de la suppression de l'offre Free Teams, en expliquant qu'elle était mal ciblée. Cela pose aussi le problème de la création de valeur dans le cloud open source.
Vous l'aurez compris, la création de valeur dans les projets cloud est très difficile, et ce, que l'on soit fournisseur de services ou utilisateur final.
Pour que le cloud soit un créateur de valeur et non un centre de coûts, de bonnes pratiques peuvent être mises en place, comme par exemple:
Modifier les pratiques d'achats et de planification des capacités afin de les adapter à la demande de vos clients.
Associer les dépenses liées au cloud à une valeur commerciale (quels sont les nouveaux comptes ouverts, les commandes exécutées, les abonnés acquis)
Augmenter la valeur commerciale du temps de possession logiciel et matériel
Déterminer la valeur commerciale par euro dépensé et augmenter la marge de profitabilité pour chaque dépense.
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