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Cloud décentralisé : l'utilisateur devient fournisseur... et les prix chutent


Le modèle a commencé à émerger en 2017 et la tendance s'accélère. Les premières places de marché d'échange de ressources informatiques sont disponibles.

Plusieurs start-up ont commencé à dessiner les contours d'offres cloud décentralisées. Face aux Alibaba Cloud, AWS, IBM Cloud, Google Cloud Platform et Microsoft Azure, ces jeunes pousses, parmi lesquelles figurent les Américains Dfinity et Otoy, le Polonais Golem ou le Français iExec, proposent une alternative. Un modèle distribué, souvent à base de blockchain, permettant à toute entreprise ou particulier de vendre de la ressource informatique (SaaS, IaaS, PaaS). Le concept a émergé en 2017.

Mais désormais, la tendance s'accélère.

Comme souvent, les premiers frémissements viennent de Chine. Xunlei a annoncé en janvier dernier vouloir se positionner sur le créneau. Et le groupe Internet chinois ne part pas de rien. Il compte en effet tirer parti du million de serveurs multimédia déjà déployés chez ses clients particuliers.

Des boîtiers, baptisés OneThing Cloud, qui leur permettent de stocker données et fichiers personnels. Cette base représenterait une manne de 1000 petabytes de stockage (pour environ 10 terabytes de bande passante). Et ce ne serait là qu'un début. Xunlei affirme avoir reçu des commandes pour 20 millions de boîtiers supplémentaires (selon Forbes).

Pour l'heure limitée à la Chine, la commercialisation de OneThing Cloud devrait être étendue à terme à l'Asie du Sud, à l'Inde et aux Etats-Unis.

Au premier trimestre, Xunlei a lancé un premier service cloud décentralisé tirant parti de l'infrastructure OneThing Cloud : un réseau de diffusion de contenu web (CDN). Une brique que l'entreprise de Shenzhen compte enrichir dans les prochains mois avec d'autres solutions d'IaaS (centrées sur le calcul, le stockage).

Pour inciter ses clients à donner accès à leurs ressources inutilisées, Xunlei offre des crédits gratuits à ses services (VOD, accélération réseau, stockage de fichiers…), et ce via sa propre crypto-monnaie, le LinkToken.

100 millions de dollars de R&D

Reste qu'un cloud distribué, à travers lequel les ressources IT sont réparties sur des milliers voire des millions de terminaisons réseau, se révèle par définition nettement plus complexe à opérer qu'un cloud centralisé. Face à ce défi technique, Xunlei indique avoir dépensé plus de 100 millions de dollars de R&D depuis 2014.

"Il faut dire également que tous les traitements ne sont pas aussi facilement applicables à une infrastructure informatique décentralisée", prévient Gilles Fedak, chercheur à l'Inria et fondateur d'iExec. "Globalement, il vaut mieux être en présence d'une application déterministe, et éviter les systèmes aléatoires. De même, certains environnements type site web seront plus difficiles à distribuer."

A l'instar de Xunlei, iExec n'en est plus à l'étape de la preuve de concept. Après une ICO de 12,5 millions de dollars bouclée en mai 2017, cette spin-off de l'INRIA a lancé sa plateforme en novembre. Centrée pour l'heure sur le SaaS, elle s'articule autour d'une place de marché (Dapp Store) où les éditeurs peuvent venir vendre leurs applications cloud.

Sous le capot, la blockchain Ethereum et ses smart contracts orchestrent la logique commerciale : les conditions de mise à disposition des apps et les transactions financières sous-jacentes opérées via l'échange de tokens. Un kit de développement est mis à la disposition des éditeurs pour créer des applications.

"Notre objectif est de proposer une solution cloud similaire à celle d'Amazon Web Services, mais beaucoup moins chère"

Pour l'heure, la plateforme d'iExec compte une quinzaine de logiciels.

"Ils recouvrent des workloads éligibles à une architecture de calcul réparti. On en trouve dans le rendu graphique, l'IA d'apprentissage, avec une déclinaison cloud de Tensorflow par exemple, ou encore dans la prédiction financière", égraine Gilles Fedak.

En janvier, iExec a lancé un hackathon avec à la clé 150 000 dollars à gagner. Objectif : attirer de nouvelles applications.

"Sur 50 candidats, nous en avons sélectionné 15. Notre objectif est dès lors de hisser notre app store à 30 à 40 applications d'ici la fin du premier semestre", précise Gilles Fedak.

En parallèle, iExec planche sur l'extension de son offre au IaaS. Pour doter sa place de marché d'un premier pool de fournisseurs de capacité de calcul, la jeune pousse a commencé à signer des alliances.

Parmi ses premiers partenaires figurent le spécialiste du cloud mining Genesis Mining (qui entend faire appel à elle pour commercialiser les ressources inutilisées de sa ferme de calcul). Mais également Stimergy, un spécialiste des chaudières connectées, Cloud&Heat, un fournisseur de systèmes de cloud privé, ou encore Qarnot Computing, qui commercialise des serveurs-radiateurs.

Objectif sécurité

"Notre objectif est de proposer une solution cloud similaire à celle d'Amazon Web Services, mais beaucoup moins chère", explique de son côté Chen Lei, PDG de Xunlei.

Le modèle est imparable : le groupe chinois fait reposer l'investissement matériel sur les épaules de ses abonnés. Chez iExec, on met aussi en avant des coûts censés être plus faibles, mais pas pour les mêmes raisons.

"A terme, les services cloud distribués via notre plateforme devraient afficher des prix plus faibles que le marché du fait de la dynamique de concurrence qui va s'instaurer entre les éditeurs impliqués", commente Gilles Fedak.

Autre point fort mis en avant par iExec : son infrastructure de sécurité. La société lyonnaise a mis au point un algorithme, baptisé Proof of Contribution, qui, en fonction de la capacité d'un éditeur à livrer correctement un service cloud lui attribue un score de réputation.

"Sachant qu'en amont chaque fournisseur doit verser une caution. Si l'exécution du service est réalisée avec succès pour le compte d'un client, la caution lui est reversée, dans le cas contraire, il la perd", ajoute Gilles Fedak.

Dans la même logique, iExec a optimisé sa plateforme pour permettre aux applications qui y sont exécutées de tirer parti des processeurs Intel SGX, et de leur mécanisme d'enclave sécurisé. Un dispositif qui garantit (via un système de signature) qu'un logiciel a été correctement exécuté sur une machine, et ce sans que quiconque ait pu y avoir accès ou le falsifier, y compris le propriétaire de cette dernière.

Pour réaliser ce tour de passe-passe, iExec s'est notamment rapproché d'Intel, mais aussi d'IBM. La start-up a commencé à tester le principe des enclaves sur le cloud public de Big Blue, qui implémente justement la technologie SGX (lire le post sur le site d'iExec).

"Mais il ne s'agit pas du seul grand fournisseur de cloud avec lequel nous discutons. Nous espérons bien qu'ils seront au moins deux à rallier notre réseau au moment de l'extension de notre plateforme au IaaS", confie Gilles Fedak.

Une nouvelle étape dont le coup d'envoi devrait être donné d'ici fin mai.

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